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Qu'est-ce que l'art thérapie ?

 

L’art thérapie est un processus thérapeutique qui utilise des outils artistiques dans le but d’apaiser les souffrances, qu’elles soient physiques, psychiques, sociales, familiales…

 L’art thérapie permet un « déplacement » des symptômes sur un support pour que le corps ne les porte plus. Ce n’est pas le résultat ou l’objet produit qui compte, car l’objectif n’est pas une réalisation artistique. On ne fait pas obligatoirement du « beau »,  mais surtout du « bien », du « juste ».

                                  

 

 

 

 

 

La transformation s’opère par l’expression de soi sous forme souvent de jeu et le plus possible dans le plaisir. La créativité permet le processus de subjectivation. Par l’accès au symbolique, la personne se sent exister et peut se trouver et se dire, au-delà des mots.

L’atelier d’art thérapie se doit d’être un lieu sécurisant et confortable, où l’on peut revivre les évènements du passé, s’ancrer dans le présent et se projeter dans  « l’a-venir », quelle que soit la conception qu’on en ait.

 

Les activités développées par l’art thérapeute auront pour but de proposer aux patients  des moyens d’expression non-verbale et verbale qui leur permettront d’aborder différemment  leurs situations personnelles respectives.

Par ailleurs ses interventions soutiennent  tout ce qui peut concourir à la valorisation de l’image de soi  et au renforcement de la confiance en soi. Elles favoriseront aussi dans la mesure du possible le développement d’une paix et d’un bien-être intérieur.

 

L’art thérapeute sollicite donc par différentes approches la créativité des patients. Les outils pour cette activité sont principalement du domaine des arts plastiques (peinture, dessin, aquarelle, mandalas, modelage, collage, écriture etc.….) mais sont également utilisés d’autres supports, ludiques ou  pédagogiques : jeux, énigmes, photolanguage, etc….

La pratique de l’art thérapie nécessite une régularité dans le temps, que ce soit en séances individuelles ou en petits groupes; Les séances sont d’au minimum deux heures. 

Art thérapie : au service du processus de guérison

                                            Par Romain Marengo

 

Au carrefour entre la santé et l’art, il existe plusieurs disciplines qui favorisent un mieux être par l’expression créatrice. L’une d’elles s’appelle l’art thérapie. Rencontrée au hasard d’un déjeuner au centre diocésain, Viviane Molard, praticienne, a accepté de nous livrer son témoignage.

 

Parmi vos multiples casquettes, vous avez celle d’art thérapeute. En quoi consiste ce beau métier ?

L’art thérapie vise à soulager des personnes en souffrance par un accompagnement dans un processus créatif faisant appel à plusieurs disciplines artistiques (sculpture, peinture, dessin, musique, poésie, écriture, jeux, etc.). L’objectif est un mieux-être qui peut aboutir à une guérison. C’est un travail de fond qui doit permettre au patient de reprendre confiance en lui tout en prenant conscience de ce qu’il a vécu, et de comment il l’a vécu. Pour donner une image, je travaille d’une part sur la mise en lumière des capacités et potentiels de la personne, et d’autre part sur son côté sombre, pour favoriser l’émergence d’une meilleure compréhension de sa problématique, quelle qu’elle soit.

 

Vous parlez d’expression plutôt que de création. Pourquoi ?

Disons qu’en art thérapie la création n’est pas une fin en soi mais plutôt un moyen. Elle est un processus dont l’objectif n’est pas la création d’une œuvre artistique aboutie mais la libération de l’expression et donc de l’intériorité d’une personne. Elle amène à une prise de conscience qui est ressourçante. Elle fait retomber la pression et constitue un exutoire phénoménal.

Ce peut être une expérience assez spirituelle !

C’est un des nombreux bénéfices possibles de cette pratique.

Je travaille actuellement pour partie à l’ANPAA de Besançon (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie). C’est une structure laïque dans laquelle je reçois des personnes de toutes confessions ou sans confession. Dans ce cadre là, il me semble évident qu’il est important de respecter cette donnée qui interdit toute forme de prosélytisme.

Pour autant, ce cheminement d’aide à l’expression peut favoriser le développement de la spiritualité. En travaillant dans le temps, la personne se découvre des talents insoupçonnés, des potentialités grandissantes d’expression de l’intime. Elle découvre qu’elle a en elle quelque chose d’éminemment respectable et surtout d’unique qui s’apparente donc au sacré ; là on commence à toucher à la spiritualité humaine, de mon point de vue... mais il s’agit d’un long cheminement qui suppose aussi de la part des patients suivis une grande ouverture, et la capacité de remettre en question ses croyances les plus intimes sur le « qui je suis ».

Paradoxalement, il nous est extrêmement difficile de reconnaître les richesses que l’on porte, ainsi que notre infinie complexité, la beauté intime de notre être…

 

Pouvez-vous nous parler en quelques mots de votre parcours professionnel ?

Je suis biologiste puis plasticienne de formation. Mes études se sont passées entre les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Plus tard, j’ai complété ce cursus artistique par de nombreuses formations annexes en communication, de la morphopsychologie à l’animation d’atelier d’écriture en passant par la PNL (programmation neuro linguistique). Ces compétences me permettent aujourd’hui de proposer mes prestations d’art thérapeute à des structures médico-sociales.

Elles m’ont amené également à devenir formatrice au sein d’un organisme de formation qui s’appelle « L’ Empreinte », situé à Roche Lez Beaupré ; j’anime dans ce cadre là régulièrement des formations et des stages pour des entreprises, dans le cadre de la formation continue.

J’aborde des thèmes variés : comment dynamiser une équipe en developpant sa créativité collective, comment apprendre à mieux « lire » le visage de son interlocuteur, comment transmettre ses savoirs et se préparer pour une retraite réussie, etc…).

 

Comment vous percevez-vous dans votre travail ?

Essentiellement comme une accompagnatrice. Ce n’est pas moi qui ai la solution, c’est la personne suivie. Moi, tout mon art consiste à proposer au patient le bon outil au bon moment ainsi que la manière de s’en servir, à lui poser aussi les bonnes questions le moment venu.... Il s’agit de l’amener à « accoucher » lui-même de ce qui va constituer sa propre guérison . en collaboration bien souvent avec d’autres professionnels de santé !!

Un bon souvenir, parmi d’autres, de votre expérience …

Je faisais faire un travail de peinture en aveugle à une personne malade alcoolique. Cela a permis que remonte à sa conscience un évènement grave de son histoire familiale, auparavant complètement enfoui dans sa mémoire. Ce fut une étape très importante dans son chemin de guérison. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres.

Je travaille aussi bien avec des adolescents que des actifs et des retraités. Et je reçois beaucoup de retours, de feedbacks positifs de ces personnes. C’est toujours un cadeau !

 

A propos des problèmes d’alcoolo-dépendance, vous travaillez aussi dans un organisme dédié à cette catégorie de patients. Lequel ?

Il s’agit de la structure d’accompagnement de jour en soins alcoologiques de Besançon (ADJ). Elle dépend de l’ANPAA et du Réseau Bisontin d’Alcoologie. Le service qu’elle propose est identique à celui d’une post-cure. L’originalité est que c’est un service gratuit, sur quatre semaines, et en ambulatoire. Le patient n’est donc pas hospitalisé. Il me semble important de faire connaître l’ANPAA 25 et l’ADJ. Les malades alcoolo-dépendants y trouvent un accompagnement adapté pour arriver à développer puis maintenir leur abstinence. J’ai la chance de travailler avec une équipe pluridisciplinaire : un médecin référent, une psychologue clinicienne, une sophrologue, une diététicienne, une éducatrice spécialisée et même une autre art-thérapeute ! Ce croisement de pratiques est réellement profitable aux patients.

 

 

 

 

L’association « L’Empreinte » est située à Roche Lez Beaupré , au 03 81 55 65 11.

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